« Dans la mesure où le texte théâtral est essentiellement non linéaire mais tabulaire, le personnage est un élément décisif de la verticalité du texte ; il est ce qui permet d’unifier la dispersion des signes simultanés. Le personnage figure alors dans l’espace textuel ce point de croisement ou plus exactement de rabattement du paradigme sur le syntagme : il est un lieu proprement poétique. Dans le domaine de la représentation, il apparaît ce point d’ancrage où s’unifie la diversité des signes »[1]
Quel est le personnage dans le théâtre ? Et comment est-il considéré dans le cadre de la sémiologie de théâtre ? Autour de ces deux questions s’articule notre étude pour mettre en valeur la notion du personnage au point de vue sémiotique. Notre objectif sera donc de présenter une analyse de cette notion primordiale dans le texte dramatique loin d’une explication scénique qui reste très importante mais qui ne correspond pas, pour le moment, à notre démarche suivie dans cette étude. Mais avant de commencer, il est utile de poser la question suivante : quel est l’intérêt d’une étude pareille pour un texte littéraire ? En fait, cette approche d’analyse offre un cadre propice à la manipulation des forces qui se confrontent dans le texte dramatique et par là, d’apprendre, en essayant diverses solutions, à nous méfier des évidences. D’autre part, elle permet d’échapper à la seule détermination psychologique que donne l’entrée par les personnages en faisant apparaître comment ils se regroupent et comment ils sont inéluctablement liés les uns aux autres par une syntaxe qui est celle de l’action.
[1] Anne Ubersfeld, Lire le théâtre, Belin, Paris, 1996, p. 92